Avant-propos

La Convention sur la diversité biologique

La deuxième édition des Perspectives locales de la diversité biologique (LBO-2) complète la cinquième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5) avec des récits de différentes communautés autochtones et locales qui contribuent toutes aux objectifs de la Convention sur la diversité biologique. Les LBO-2sont publiées à un moment critique où l’évaluation de la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique et les négociations du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 sont en cours.

Elles présentent les contributions des peuples autochtones et des communautés locales à chaque objectif du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique. Elles font entendre la voix des personnes qui vivent directement dans la nature et avec la nature. Ainsi, cette publication constitue une source précieuse pour établir les faits relatifs au lien entre conservation et utilisation durable au niveau local.

Les LBO-2 nous rappellent que le cadre mondial de la biodiversité qui est en train d’émerger est l’occasion de renforcer le lien entre la nature et notre santé. Elles mettent en exergue l’importance des savoirs traditionnels pour protéger les contributions essentielles de la nature aux êtres humains, notamment, entre autres avantages, un environnement sain et durable, des médecines traditionnelles, ainsi que la sécurité alimentaire.

À un moment où les GBO-5 indiquent que la plupart des objectifs du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique pourraient ne pas être atteints, il est important de rechercher l’optimisme incarné par ceux qui vivent en lien étroit avec la Nature. Les LBO-2 incarnent un optimisme selon lequel la destruction de la Nature et le recul dramatique de la diversité biologique et de la diversité culturelle peuvent être renversés, en adoptant les valeurs des peuples autochtones et des communautés locales du monde et en développant les actions collectives et locales de ces peuples et communautés.

En tant que partenaires dans la mise en œuvre de la Convention, les peuples autochtones et les communautés locales peuvent jouer un rôle fondamental pour trouver des solutions dans le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020. Les nombreux récits qui figurent dans les Perspectives locales de la diversité biologique m’encouragent à exhorter les Parties et les gouvernements, ainsi que la communauté internationale, à libérer la puissance des actions collectives et locales des peuples autochtones et des communautés locales, afin d’aider l’humanité à réaliser notre vision d’une vie en harmonie avec la Nature d’ici 2050.

Elizabeth Maruma Mrema

Secrétaire exécutive
La Convention sur la diversité biologique

Forum international des peuples autochtones sur la biodiversité (IIFB)

Depuis 1996, les peuples autochtones et les communautés locales participent activement à la création et à la présentation de propositions à des processus de la CDB à travers des efforts coordonnés dans le cadre du Forum international des peuples autochtones sur la biodiversité (IIFB). Grâce à ces efforts, ils ont transformé le Groupe de travail sur l’article 8(j) en une plateforme fondamentale qui promeut la consultation et un dialogue dynamique entre les Parties à la CDB et l’IIFB. Le nouveau cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 devrait être une occasion pour les Parties de réaffirmer leur engagement à respecter et reconnaître les droits, les connaissances et les pratiques des peuples autochtones et des communautés locales, et de créer les conditions de leur participation pleine et effective aux travaux de la Convention.

Aujourd’hui, le monde est confronté à un nouveau défi avec la pandémie de COVID-19, qui met en lumière les causes des effets sur la diversité biologique. Il est primordial de reconnaître les territoires autochtones et de promouvoir les systèmes autochtones d’utilisation, de gestion et de conservation de la diversité biologique comme des modèles durables qui permettent le développement de Ütz K’aslemal, soit le « bien vivre » de l’humanité. Afin que la vision à l’horizon 2050 soit couronnée de succès, la contribution de tous les secteurs doit être prise en compte.

Afin que la vision à l’horizon 2050 soit couronnée de succès, la contribution de tous les secteurs doit être prise en compte. Dans notre cas, elle doit être conforme aux visions du monde autochtones qui mettent l’accent sur la relation intrinsèque entre les êtres humains, la Mère nature et l’univers, et le lien essentiel qui existe entre nature et culture. La période de l’après-2020 doit être fondée sur des approches et des cadres qui considèrent les droits, le genre et l’égalité intergénérationnelle comme des composantes essentielles du progrès.

Cette publication est un instrument clé qui montre en quoi les actions et les contributions des peuples autochtones et des communautés locales contribuent à la réalisation des objectifs de la CDB, qui sont une source d’inspiration et nous invitent à avancer ensemble, à unir nos pensées et à tirer les enseignements clés des processus qui nous permettront de laisser une trace, garantissant ainsi le futur de la nature et de l’humanité.

Ramiro Batzin

Maya Kaqchikel
Directeur exécutif, SOTZ’IL
Coordonnateur global IIFB

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement

Pour réussir, le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 a besoin d’objectifs ambitieux, ainsi que de solutions et de moyens pour parvenir à ces objectifs. Comme le montrent les Perspectives locales de la diversité biologique 2, les peuples autochtones et les communautés locales mettent en œuvre depuis longtemps le type de solutions que le monde doit adopter.

Les peuples autochtones et les communautés locales sont des gardiens essentiels de la nature. Plus d’un quart de la superficie terrestre mondiale est détenue, gérée, utilisée ou occupée par des peuples autochtones et des communautés locales. Cela comprend plus d’un tiers de la superficie formellement protégée. Jusqu’à 80 % de la diversité biologique des forêts se trouve sur les territoires des peuples autochtones.

Ce sont aussi des gardiens efficaces. Même si la diversité biologique recule à travers le monde, elle recule moins rapidement dans les zones gérées par des peuples autochtones et des communautés locales. Les territoires des peuples autochtones et des communautés locales sont des îlots de diversité dans une mer d’écosystèmes détériorés.

Malgré un bilan fait de réussites, les territoires des peuples autochtones et des communautés locales sont menacés, notamment par l’agriculture, les infrastructures, et encore plus. Et lorsque des représentants des peuples autochtones et des communautés locales essaient de protéger leurs terres et leurs eaux, ils payent parfois ces efforts de leur vie. Les peuples autochtones et les communautés locales, en particulier les femmes qui y appartiennent, ont besoin d’un régime foncier sûr et d’un accès à leurs ressources naturelles.

Ce rapport reconnaît les savoirs, les innovations, les pratiques, les institutions et les valeurs des peuples autochtones et des communautés locales pour la conservation de la nature, sa restauration et son utilisation durable. En faisant fond sur les points de vue et les expériences des peuples autochtones et des communautés locales dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique, ce rapport alimente l’élaboration et la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.

Je souhaite remercier de leurs contributions tous ceux qui ont participé à la préparation de cette publication, et en particulier les peuples autochtones. J’attends avec impatience de soutenir les modes autochtones et locaux de savoir, d’être et de faire pour contribuer aux processus mondiaux qui nous emmènent vers la Vision d’une vie en harmonie avec la nature à l’horizon 2050.

Inger Andersen

Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et
Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement

Centres de distinction des savoirs autochtones et locaux

La reconnaissance par la Convention sur la diversité biologique des liens étroits entre savoirs traditionnels et diversité biologique a promu une compréhension mondiale des contributions des peuples autochtones et des communautés locales à la préservation de la vie sur terre. En saluant la publication de la deuxième édition des Perspectives locales de la diversité biologique (LBO-2), qui présente les contributions collectives des peuples autochtones et des communautés locales à la Décennie des Nations Unies pour la diversité biologique, comme complément à la cinquième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5) de la CDB, les Parties à la CDB ont souligné l’existence d’un partenariat stratégique entre les gouvernements et les peuples pour la conservation, l’utilisation durable et le partage des avantages tirés de l’utilisation de la diversité biologique.

Les LBO-2 font une évaluation critique des résultats de ce partenariat stratégique du point de vue des peuples autochtones et des communautés locales. Par leurs contributions écrites aux LBO-2et aux LBO en ligne, les communautés expriment leur vécu et leurs récits collectifs concernant leur lutte contre des systèmes économiques, politiques et sociaux qui ne sont pas durables au niveau mondial et qui entraînent la perte rapide de la diversité biologique et culturelle. Il est important de souligner que les LBO-2 célèbrent également de nombreux signes d’espoir qu’incarnent la résilience des communautés, la résolution de problèmes et des pratiques d’une vie en harmonie avec la nature fondées sur la culture.

Avec les systèmes communautaires de surveillance et d’information, les peuples autochtones et les communautés locales génèrent des données utiles à la gouvernance locale et à l’auto-détermination, et apportent des preuves qui étaient des rapports plus étendus sur la mise en œuvre des engagements pris au niveau mondial. Cela permet de prendre véritablement la mesure des progrès accomplis sur le terrain dans la réalisation d’objectifs convenus au niveau mondial concernant la diversité biologique, l’action climatique et le développement durable. Les LBO-2 constituent un compte rendu opportun des transitions des peuples autochtones et des communautés locales vers un nouveau dynamisme des relations entre l’être humain et la nature.

Le réseau mondial des Centres de distinction des savoirs autochtones et locaux, en tant qu’institutions de réflexion culturelle, de transmission intergénérationnelle des savoirs et d’échange et d’apprentissage intercommunautaires, est fier de collaborer à la publication des LBO-2, aux côtés de nombreux autres partenaires. Nous saluons la prolifération de ces initiatives au sein des peuples autochtones et des communautés locales de toutes les régions, pays et territoires du monde, dans le cadre du renouveau continu que nous apportons aux cultures et aux natures.

Joji Carino

Coordinatrice
Centres de distinction des savoirs autochtones et locaux

La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)

La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) accueille favorablement la deuxième édition des Perspectives locales de la diversité biologique (LBO). Cette deuxième édition des LBO présente et décrit les nombreux moyens différents par lesquels les peuples autochtones et les communautés locales œuvrent à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique, et comment ces actions combinées dans de grandes régions de la planète contribuent de manière significative à la réalisation d’objectifs mondiaux.

Depuis sa création, l’IPBES reconnaît les contributions importantes des savoirs autochtones et locaux à la conservation de la diversité biologique et à l’utilisation durable de la nature, et identifie les peuples autochtones et les communautés locales comme des acteurs essentiels pour comprendre, surveiller, gérer et restaurer la diversité biologique. Les principes de fonctionnement de l’IPBES adoptés en 2012 à Panama incluent la reconnaissance et le respect de la contribution des savoirs autochtones et locaux à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique et des écosystèmes. En 2017, lors de sa cinquième session, la réunion plénière de l’IPBES a approuvé une approche ambitieuse visant à reconnaître les savoirs autochtones et locaux et à travailler avec eux au sein de l’IPBES. Dans le cadre de cette approche, l’IPBES a élaboré différentes activités participatives qui ont amélioré le travail avec les savoirs autochtones et locaux de manière dynamique et mutuellement bénéfique.

Cette approche a été appliquée avec succès pour la rédaction de l’évaluation mondiale de la diversité biologique et des services écosystémiques de l’IPBES (Global Assessment of Biodiversity and Ecosystem Services) approuvée en 2019. Entre autres conclusions principales, cette évaluation mondiale indique que la Nature recule généralement moins rapidement sur les terres des peuples autochtones par rapport aux autres terres, mais qu’elle recule néanmoins, tout comme les connaissances pour la gérer.

Les nombreuses connaissances, études de cas et propositions de changement présentées dans cette deuxième édition des LBO constitueront désormais une ressource importante pour les auteurs des trois évaluations de l’IPBES en cours d’élaboration, qui sont consacrées à l’utilisation durable des espèces sauvages, aux différentes valeurs de la nature, et aux espèces exotiques envahissantes, ainsi que pour deux nouvelles évaluations portant sur le lien entre diversité biologique, alimentation, eau, santé et changement climatique, et changements menant à des transformations. L’équipe de la deuxième édition des LBO, et tous ceux qui ont apporté leurs connaissances, doivent être félicités pour avoir créé cette ressource très précieuse.

Anne Larigauderie

Secrétaire exécutive de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques

Forest Peoples Programme

Forest Peoples Programme est fier de participer à l’initiative « Perspectives locales de la diversité biologique », une collaboration entre un vaste éventail d’acteurs qui cherchent à consigner, documenter, partager et mettre en évidence les contributions des peuples autochtones et des communautés locales à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique. Nous saluons cette deuxième édition du rapport Perspectives locales de la diversité biologique. Sa publication cette année, en 2020, marque une contribution importante au débat en cours sur un Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 et au-delà.

Le rapport « Perspectives locales de la diversité biologique » accompagne de façon très utile le rapport « Perspectives mondiales de la diversité biologique » pour l’examen des progrès accomplis au cours de la décennie du Plan stratégique des Nations Unies pour la diversité biologique (2011 – 2020). Il ressort clairement des données présentées dans le rapport que la contribution des peuples autochtones et des communautés locales et la défense de leurs droits ont été centrales pour la réalisation de tous les objectifs d’Aichi.

À l’avenir les gouvernements de chaque région du monde auront véritablement l’occasion de conclure des partenariats avec les peuples autochtones et les communautés locales afin d’appuyer leurs visions durables, et de réaliser les nouveaux objectifs qui seront convenus en matière de diversité biologique. Comme le prouve ce rapport, des partenariats bien enracinés pour la réalisation des objectifs en matière de diversité biologique et de protection de la nature sont primordiaux et contribuent également tant aux Objectifs de développement durable qu’aux objectifs relatifs au changement climatique. En fait, ce n’est qu’à travers des partenariats avec les peuples autochtones et les communautés locales que ces objectifs peuvent être atteints.

Nous attendons avec intérêt de poursuivre la collaboration avec les co-auteurs de cet important rapport.

James Whitehead

Directeur
Forest Peoples Programme